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Trump reçoit Al Charaa à la Maison blanche, point d'orgue d'un virage pour la Syrie
information fournie par Reuters 10/11/2025 à 07:01

par Steve Holland et Timour Azhari

Ahmed Al Charaa est reçu lundi à la Maison blanche par le président américain Donald Trump, une visite qui constitue un point d'orgue pour le président intérimaire syrien, ancien chef des rebelles qui ont fait chuter le régime autocratique de Bachar al Assad il y a près d'un an et qui oeuvre depuis lors pour mettre fin à l'isolement international de la Syrie.

Jamais, jusqu'à présent, un président syrien n'avait été reçu à la Maison blanche.

Cette visite intervient six mois après que Donald Trump et Ahmed Al Charaa se sont rencontrés pour la première fois en mai en Arabie saoudite, où le président américain effectuait un déplacement dans le cadre d'une tournée régionale et avait annoncé à cette occasion sa volonté de lever les sanctions américaines visant la Syrie.

Washington a demandé la semaine dernière que soient abrogées les sanctions onusiennes visant Ahmed Al Charaa, ancien chef de la branche syrienne du groupe Al Qaïda, que l'administration Trump a dit ne plus considérer comme un "terroriste mondial spécialement désigné".

Ahmed Al Charaa, 42 ans, a pris le pouvoir en décembre dernier après que l'alliance de groupes rebelles qu'il dirigeait a mené une offensive éclair depuis le nord-ouest de la Syrie jusqu'à Damas pour renverser Bachar al Assad, dont la famille était au pouvoir depuis des décennies.

Depuis, la Syrie s'est repositionnée sur le plan régional, s'éloignant des principaux alliés de Bachar al Assad - Iran et Russie - pour se rapprocher de la Turquie, des pays du Golfe et des Etats-Unis.

Il est attendu que la sécurité soit le principal thème abordé lors de la réunion de lundi entre Donald Trump et Ahmed al Charaa.

Washington chapeaute des pourparlers entre la Syrie et Israël en vue d'un possible pacte sécuritaire et se prépare également à établir une présence militaire américaine sur une base aérienne de Damas, comme l'a rapporté plus tôt ce mois-ci Reuters, citant des sources au fait de la question.

La Syrie devrait par ailleurs intégrer la coalition sous commandement américain luttant contre le groupe Etat islamique (EI). Une annonce formelle pourrait être effectuée lundi.

"MOMENT D'ESPOIR"

En amont de la visite d'Ahmed al Charaa, Donald Trump a déclaré qu'"un tas de progrès ont été réalisés" s'agissant de la Syrie.

"Je pense que (Ahmed al Charaa) fait du bon boulot", a-t-il dit devant des journalistes à la Maison blanche. "C'est une zone compliquée, et c'est un dur à cuire, mais je m'entends très bien avec lui".

Si le président américain avait annoncé en mai qu'il lèverait toutes les sanctions contre la Syrie, les mesures les plus strictes peuvent seulement être abrogées par le Congrès.

La Maison blanche et le département d'Etat américain ont dit publiquement vouloir que cela soit le cas d'ici la fin de l'année mais, d'après des experts, l'actuelle paralysie de l'administration fédérale américaine ("shutdown") pourrait compliquer ce calendrier.

Ahmed al Charaa a désespérément besoin que les sanctions internationales visant la Syrie soient levées afin de favoriser les investissements dans le pays et relancer une économie ravagée par quatorze années de guerre. La Banque mondiale a estimé que plus de 250 milliards de dollars seront nécessaires pour reconstruire le pays.

Des violences sectaires ont secoué la Syrie depuis la chute de Bachar al Assad, avec des affrontements qui ont fait plus de 2.500 morts, ravivant les douleurs de la guerre civile et jetant un doute sur la capacité des nouveaux dirigeants à gouverner pour tous les Syriens.

La visite d'Ahmed al Charaa à Washington est "emblématique du virage majeur qui est en cours", a commenté Firas Maksad, directeur général en charge du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord chez Eurasia, notant que "la Syrie est passée de fief iranien au camp américain" et que "Al Charaa lui-même s'est transformé, passant de terroriste recherché à partenaire dans la guerre contre le terrorisme".

"Beaucoup de choses peuvent encore mal tourner dans cette expérience encore embryonnaire, et des préoccupations sérieuses demeurent à propos des droits des minorités et individuels", a-t-il ajouté, "mais la première visite d'un président syrien à Washington est un moment d'espoir que la Syrie est sur la bonne voie".

(Timour Azhari à Ryad, Steve Holland à Washington; version française Jean Terzian)

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